Encyclopédie du Petit Peuple – Créatures inédites : Homunculus

Dernière modification le 25 October 2020 par pafrancioso

   Par manque de place, il a fallu faire des choix. Loin d’être des Nains dispensables, les petites créatures laissées de côté rejoignent les pages de ce site, afin que vous puissiez les découvrir au même titre que leurs sœurs publiées.

L’Homunculus

“Les enseignements qui se font sans douleur n’ont pas de réelle valeur…”
Hiromu Arakawa – Fullmetal Alchemist, Tome 1 (2001)

    Petit homme

    Dès le IVème siècle, l’alchimiste grec Zosime de Panopolis écrivait avoir rêvé d’un homunculus (ou homoncule), version réduite d’un être humain. Tout comme ils étaient en quête de la pierre philosophale et cherchaient à transformer le plomb en or, les alchimistes vont aussi se fixer comme objectif de donner naissance à un homunculus, c’est-à-dire de créer la vie de manière artificielle à partir d’un seul individu (et non d’un homme et d’une femme), se rapprochant ainsi de l’acte divin.

    La recette du succès

    C’est Paracelse, finalement, qui établit au XVIème siècle (dans l’ouvrage apocryphe De natura rerum, paru en 1537 – après sa mort) le mode opératoire à suivre afin d’engendrer un homoncule. Il explique qu’il faut placer la semence d’un homme à l’intérieur d’un vase en verre hermétiquement fermé, et enterrer ce conteneur dans du fumier de cheval durant quarante jours. Passé ce délai, on pourra voir apparaître la forme d’un être humain, mais transparente et sans corps propre. Il est ensuite nécessaire de nourrir cet embryon avec du sang humain contenant un principe caché (arcanum sanguinis hominis) pendant quarante semaines, tout en gardant le fumier à une température constante. On obtiendra alors un homunculus, un enfant semblable à celui qui serait né classiquement, mais plus petit. L’homunculus est doté de raison et peut être éduqué comme un humain normal ; certains prétendent qu’il est plus pur que les hommes.

    Homunculus et Golem

    L’homoncule des alchimistes est parfois comparé à un autre être artificiel, le Golem juif – qui, lui, n’est pas frappé de nanisme mais de mutisme –, souvent associé au rabbi Loew de Prague. Une différence majeure entre ces deux créatures est que le Golem, fait d’argile, reçoit directement sa forme “adulte”, tandis qu’il faut faire croître, grandir l’homoncule à la manière d’une plante ou d’un fœtus. Certains alchimistes, d’ailleurs, pensaient que pour obtenir un homoncule il fallait faire pousser une Mandragore, plante à forme humaine. Simon le magicien, quant à lui, aurait transformé au Ier siècle av. J.C. l’air en eau, l’eau en sang puis en chair humaine pour insuffler ensuite la vie à son “petit garçon”. Le romancier allemand Goethe mentionne l’homoncule dans son second Faust, publié à titre posthume (1832). En médecine, l’homoncule est une représentation déformée de l’être humain ; l’homoncule sensitif, par exemple, montre comment les différentes parties du corps se projettent dans le cortex cérébral et exagère ainsi la taille des yeux (pour la vue), des oreilles, du nez, des mains, des lèvres ou de la langue (pour l’odorat, l’ouïe, le toucher ou le goût).

    La vraie nature de l’homoncule

   Mais la création de l’homoncule, comme la plupart des travaux d’alchimie, ne doit pas être prise au pied de la lettre : il s’agit d’une métaphore, un ensemble de symboles pour atteindre un but caché – en l’occurrence, la transformation spirituelle de l’alchimiste. Le fumier fait référence à la putréfaction (celle de l’âme imparfaite qu’il faut détruire), les quarante jours à la traversée du Christ dans le désert (le fait de devoir surmonter des épreuves) ; avoir à nourrir la créature quotidiennement avec son propre sang montre le caractère intime et la motivation qu’il faut pour progresser, répéter inlassablement ses efforts. Le but de l’alchimiste, ce petit être qui se rapproche de la perfection, n’est autre que de se trouver lui-même, une fois qu’il aura su se métamorphoser en un être meilleur.

   Aspect :
    L’homunculus est semblable à un humain, mais en version réduite.